mercredi 1 avril 2020

Anniversaire confiné


C’est dans le titre, et c’était écrit depuis 15 jours. Ce 31 mars 2020 allait donc pour moi être un anniversaire confiné. 

Pour les historiens qui liront ces lignes dans quelques siècles, cela signifie qu’on doit rester à la maison le plus possible afin de limiter la propagation d’une pandémie. C’est valable en ce moment pour presque toute l’humanité. Oui, toute l’humanité, comme dans les films catastrophe.

Pourtant, dans les films catastrophe, il n’y a pas de télétravail avec enfants. Etonnant que les scénaristes n’y aient pas pensé. En effet, beaucoup de parents semblent vivre l’enfer en cumulant les deux activités. Je vous renvoie à des parodies ici et .

J’ai pour ma part la chance de pouvoir télé-travailler dans des conditions correctes. Aussi, une matinée de confinement, pour moi, ça ressemble à ça :

8h30 : Réunion de crise sur sujet A

9h00 : Réunion de crise sur sujet B

9h30 : Réunion de crise sur sujet C

10h07 : Impression des maths de N1

10h15 : Réunion de crise sur sujet A (à nouveau car Kevin n’a pas pu venir à 8h30 car il avait le biberon de Jordan)

11h : Correction de l’Allemand de N2 pendant le point RH.

11h21 : Réimpression des maths de N1 car j’avais imprimé le corrigé et pas les exercices

12h30 : Repas (préparé par N1)

13h30 : Micro-sieste de 15 minutes

Vous le constatez, c’est certes un peu monotone jour après jour mais ce n’est pas le bagne non plus.

Cette journée d’anniversaire, puisque c'est le sujet du jour, allait donc être, pour moi, une journée de confinement comme une autre, agrémentée de mon gigantesque plat de spaghettis bolognaises annuelles (exit le régime low carbs pour cette journée).  Nos deux héroïnes, quant à elles,  ne voyaient pas du tout cette journée de cette façon et complotaient depuis plusieurs jours déjà afin de lui donner un tour plus particulier.

Il est 10h57. C’est l’heure de mon troisième café. Le plus important, car il me permet d’arriver dans les meilleures conditions pour ma 6e call de la journée. Je trouve la porte de la cuisine close. Une tête dépassante me demande :

- Tu peux pas entrer. Tu veux quoi ?
- Un café s’il te plait.
- Je te l’amène.

Je ne retrouve ma cuisine que vers 12h30, pour le repas. Les travaux en cours sont soigneusement cachés par des montagnes de cartons, ceux que nous empilons religieusement à la maison en attendant la réouverture des bacs jaunes. A cette heure,  toujours aucune idée de ce qui se trame, malgré un bouillonnement dans ma tête de père confiné, d'abord dans son appartement par le gouvernement, et désormais dans son bureau par ses filles, pour tout l’après-midi.

Il est 18h45. Ma journée se termine.

- C’est bon Papa la cuisine est libre, tu peux préparer la bolognaise.

Cuisine impeccable, aucune trace de rien. Bizarre, bizarre. Je m’exécute, m'applique pour ma bolognaise annuelle et mets trop de viande et pas assez de sel.

Il est 20h. Le secret va bientôt être dévoilé. J'imagine que c’est un gâteau car j’ai perçu des directives de type « top chef » dans l’après-midi entre les deux. J’estime le temps passé dans la cuisine à 5h. Le  cérémonial d'anniversaire commence. J'attends, une nouvelle fois confiné, mais dans le salon cette fois. J'entends qu'elles allument des bougies. Beaucoup de bougies. Trop de bougies même, me dis-je.  

La surprise arrive enfin. je vous laisse juge de l'ampleur des travaux, avec la version allumée de plus de 40 bougies et la version éteinte : 

- 6 ! (SIX !!, VI !!!)  étages de biscuits
- Ganache chocolat entre chaque étage
- Les couleurs sont des chantillys réalisées maison de différents parfums 

Un travail de titan pour un gâteau du diable. D'après mes calculs, et en en mangeant une part chacun au petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner, nous devrions l'avoir fini dimanche.

En conclusion, et j'y reviendrai probablement dans un autre billet, ce travail exceptionnel (de mon point de vue) illustre l'imagination développée par N1 et N2 lors de ce confinement. Je les remercie régulièrement car cette période se passe vraiment sans accroc. J'espère que nous ne sommes pas les seuls.

N'hésitez pas à partager votre expérience en commentaire et n'oubliez pas de :
- rester chez vous
- aider si possible par tous les moyens les soignants de votre entourage. Le mois d'avril va être bien plus dur pour eux que le mois de mars.

mardi 17 mars 2020

Allocutions en série


Une allocution du président, c'est pas tous les jours. Mais on en a eu deux en une semaine. On les a regardé tous ensemble. Voici comment ça s'est passé.

Jeudi 12 mars

Pour la toute première fois, toute la famille regarde ensemble une allocution présidentielle. Pour moi, la dernière était celle de Jacques Chirac à l’époque de la guerre du Golfe. Pour N1 et N2, c’est la première.

Le président parle longtemps, très longtemps. Une pensée pour la personne qui tape le texte en direct. Malgré le ton grave, on trouve ça amusant.

En synthèse, c’est la merde. Et l’école, c’est fini pour un moment. La petite aime bien les situations qui sortent de l’ordinaire. Elle sourit. La grande n’apprécie pas du tout et commence à pleurer. « On va plus voir les potes pendant plus d’un moins, ce n’est pas possible ». « Et puis pourquoi on va plus à l’école et vous, vous allez voter dans les écoles ».  Conseillère du président, j’aurais bien aimé qu’elle fut.

Pour suivre un peu l’actualité du virus depuis un moment, je sens que ça part en vrille, et déclare le confinement total dès ce jeudi soir. Une violente levée de bouclier me fait lâcher le vendredi :
« OK pour le vendredi mais pas d’étude et pas de bus. Je vous dépose et viens vous chercher ».

N1 veut encore négocier le bus avec les potes. N2 met fin au débat. Elle aimerait bien qu’on regarde un épisode du « Prince de Bel Air » sur Netflix. Tous ensemble. Comme d’habitude.


Lundi 16 mars

Pour la deuxième fois, toute la famille regarde ensemble une allocution présidentielle. Pour moi, la dernière était celle d’Emmanuel Macron le 12 mars. Pour N1 et N2, aussi.

Le président parle longtemps, très longtemps. Une pensée pour la personne qui tape le texte en direct. Malgré le ton grave, on trouve ça amusant. 

En synthèse, c’est la merde. On doit rester à la maison. La petite aime bien les situations qui sortent de l’ordinaire. Elle sourit. La grande n’apprécie pas du tout et trouve débile d’avoir organisé les élections ce week-end. « Pourquoi demain ? Le virus il devient dangereux pile à midi demain ? ». Conseillère du président, j’aurais bien aimé qu’elle fut.

Pour suivre un peu l’actualité du virus depuis un moment, je sentais que ça partait en vrille. Nous sommes déjà confinés depuis vendredi soir, sans sortir du week-end. L'annonce ne change strictement rien pour nous.

N1 râle encore sur les décisions du gouvernement, peu claires de son point de vue. N2 met fin au débat. Elle aimerait bien qu’on regarde un épisode du « Prince de Bel Air » sur Netflix. Tous ensemble. Comme d’habitude. 

mercredi 26 février 2020

The natural History Museum

Cette semaine, c'était vacances au ski. Comme tout s'est une fois de plus passé comme prévu, nous avons, aujourd'hui, visité The London natural History Museum, aussi connu sous le nom du musée d'Histoire Naturelle de Londres.

On ne va pas se mentir, les musées, avec les enfants, ce n'est pas toujours une partie de plaisir. Loin s'en faut. Nombre d'entre-nous ont vécu les "je m'ennuie", "c'est trop long", "j'ai envie de pipi","j'ai faim" ou encore "ne touche pas", "ne cours pas","laisse le zizi de la statue tranquille". Ma sérénité habituelle était donc mise à mal. Un musée, en langue anglaise qui plus est, s'avèrait être une vraie prise de risque. J'avais cependant oublié un élément essentiel. Je n'avais plus affaire à des enfants. J'avais avec moi des ados assoiffées de connaissances et le format du musée répondait parfaitement à leurs exigences.

Nous débutâmes (*) par l'espace dinosaure dans la "blue zone". Les squelettes reconstitués à taille réelle sont impressionants.  Et ce n'est pas tous les jours que N1 et N2 feront un selfie avec un T-REX !  De mon côté, ce qui m'a le plus marqué, c'est le respect de la démarche scientifique dans la présentation des faits et des hypothèses concernant le mode de vie, la biologie, et, bien sûr la disparition des dinosaures. Cette section à elle seule mérite donc le déplacement depuis n'importe quel endroit du monde (bon OK, il est possible que je pêche par excès d'enthousiame à chaud).

Puis nous traversâmes la zone mammifères, tantôt impressionnés  par la taille des reconstitutions, tantôt flippés par l'expression haguarde des animaux empaillés. La démarche scientifique est là aussi développée, autour de la théorie de l'évolution cette fois-ci. N1 fut si intéressée qu'elle décida de poursuivre l'évolution de l'espèce humaine de bipède vers monopède, en s'explosant une nouvelle fois la cheville dans un magnifique escalier XIXe.

C'est donc à cloche-pied, et en multipliant les "sorry" pour pouvoir se tenir aux rampes d'escalier,  que nous poursuivons la visite, par un exceptionnel voyage au coeur du corps humain. Avec tous ces petits ateliers pour petits et grands, les fonctionnements de l'oeil, du cerveau, du sang n'ont plus de secret pour nous. Nous terminons par un passage par les insectes que nous avions malencontreusement (ou pas) oubliés.

Ce fut pour moi un vrai grand moment. Mes filles m'ont impressionné par la durée de concentration sur tous les sujets, sans pause, pendant plus de 3h30. Le Papa que je suis n'est donc pas peu fier en écrivant ces lignes.


(*) Le passé simple n'est pas tout à fait adapté au format blog, mais je n'ai pas pu résister