Je ne vous l'ai sans doute pas dit, mais, avec les filles, nous habitons près de Bouguenais. C'est la ville de l'ancien futur ex-aéroport de Nantes. Le dossier #NDDL, nous le suivons de près et depuis longtemps.
Aujourd'hui, nous avons appris que l'aéroport allait rester près de nous et que personne n'allait le déplacer à 40 kilomètres, dans la plus célèbre des communes de moins de 2000 habitants, Notre-Dame-des-Landes.
Si nous sommes heureux de cette décision, ce n'est pas vraiment par souci d'écologie. Les cartons dans les poubelles jaunes et les pots de yaourt bio dans les poubelles vertes, on est bien. Les lumières éteintes quand on part le matin, on progresse. Mais l'écologie, ce n'est pas notre moteur.
Si nous sommes heureux de cette décision, ce n'est pas vraiment non plus à cause du coût exorbitant prévu pour ce nouvel aéroport. Enfin surtout les filles. Moi, ça me gênait un peu de cramer de l'argent pour refaire un truc qui existe déjà, même si le budget était magnifiquement ficelé et ne présentait aucun risque de dépassement (1).
Si nous sommes heureux de cette décision, ce n'est surtout pas par solidarité avec les zadistes. Des mecs qui bafouent le droit de propriété et qui nous explosent le centre ville tous les six mois, ça ne nous amuse pas trop à Nantes. Et puis, les dessins sur les routes et les murs, "ils ne sont pas jolis et il y a des fautes".
Et enfin si nous sommes heureux de cette décision, ce n'est enfin pas vraiment non plus par sympathie pour le gouvernement. On peut toutefois mettre à son crédit :
- le fait d'avoir enfin pris une décision ;
- de mettre en émoi nos barons locaux de tous bords, tristes de ne pas avoir leur joujou.
- le fait d'avoir enfin pris une décision ;
- de mettre en émoi nos barons locaux de tous bords, tristes de ne pas avoir leur joujou.
Notre bonheur vient surtout du fait que nous aimons vraiment les avions. C'est notre culture locale. Alors les garder près de nous nous sied car ils accompagnent chaque étape de nos vies.
Dès la maternelle, les moteurs couvrent ponctuellement le brouhaha de la cour d'école. C'est amusant de voir des dizaines de petits index levés montrer en même temps l'avion qui va atterrir à quelques centaines de mètres.
En primaire, ça nous aide pour la lecture. On déchiffre les noms des compagnies inscrits sur le flanc des avions depuis notre balcon.
Et au collège, on apprend avec surprise que le CO2 n'est pas si méchant et qu'il nourrit les arbres et les plantes, et on revient super content car les avions en jettent plein au dessus de nous.
Pour les grands, nombre de parents d'élèves travaillent chez Airbus, près de l'aéroport. Ça rassure tout le monde ici, d'avoir de la visibilité sur son avenir.
Voilà, c'était histoire de vous donner le sentiment qu'on a, par ici. Ne soyez donc pas triste pour nous. Ceux pour qui vous pouvez être tristes, ce sont les gens qui donnent des années de leur vie pour travailler sur des projets, détruits en deux réunions par des politiques. Eux ne sont pas prêts d'en refaire , des projets.
(1) Il est possible que se glisse un peu de second degré dans le billet, que le lecteur régulier aura détecté sans mal